Un médicament pour protéger de la consommation accidentelle de gluten ?

Des articles sont parus dans plusieurs journaux concernant l’arrivée d’un médicament qui protégerait les cœliaques de la consommation accidentelle de gluten. 

Le Professeur Christophe Cellier (chef du service d’hépato-gastroentérologie à l’Hôpital Européen Georges Pompidou -Paris) répond à nos questions :

Que pensez-vous de l’étude finlandaise citée ?

«Cette étude préliminaire, réalisée dans un seul site en Finlande, suggère que cette molécule pourrait prévenir les effets néfastes à court terme de la consommation accidentelle de gluten chez certains patients non totalement observants ou répondeur partiel au régime sans gluten.
Cette étude devra être vérifiée sur des échantillons plus importants de patients et de façon multicentrique. Son bénéfice à long terme devra être également évalué et, à l’heure actuelle, seul le régime sans gluten le plus strict possible doit être recommandé pour les patients atteints de maladie cœliaque.»
 

De quel médicament parle-t-on ?

«Il s’agit d’un anticorps monoclonal qui bloque une cytokine l’Interleukine 15 (molécule favorisant l’inflammation au cours de la made cœliaque, un peu comme les anti-TNF dans la maladie de Crohn) et qui pourrait être efficace pour prévenir les récidives de la maladie, en cas de consommation accidentelle ou de réponse partielle au régime sans gluten, ou bloquer la progression des formes réfractaires vers le lymphome. Le rationnel d’utiliser un tel anticorps monoclonal anti-IL-15 est largement basé sur les résultats des travaux de recherche menés par le laboratoire INSERM dirigé par N. Cerf-Bensussan à l’Institut Imagine et à la Faculté Paris Descartes, qui ont bénéficié de l’aide de bourses de l’AFDIAG.»
 

Des résultats vont-ils être présentés prochainement ?

«Durant le congrès de la Digestive Disease Week à Washington, du 2 au 5 juin, nous présentons en communication orale, en séance plénière présidentielle, les résultats de ce même traitement (AMG 714 développée par le groupe AMGEN) chez des patients atteints de maladie cœliaque réfractaire qui ont un risque très important de développer une complication grave (lymphome). Il s’agit d’une étude multicentrique portant sur 27 patients (Paris, Amsterdam, Madrid, Tampere, New York et San Diego) et dans laquelle nous avons inclus une majorité de patients. Le rationnel scientifique de cette étude est également basé sur les résultats expérimentaux issus du laboratoire de Nadine Cerf-Bensussan. Les résultats préliminaires semblent montrer des signes positifs de diminution de la progression vers un lymphome, mais méritent, là encore, une confirmation avec des études comportant plus de patients et une durée de traitement prolongée (3 mois dans notre étude). Une étude de plus grande ampleur multicentrique de phase 3 pourrait être initiée prochainement. À ce stade, il n’est pas encore possible de savoir si ce médicament sera ou non suffisamment efficace pour être proposé un jour aux patients souffrant de maladie cœliaque réfractaire.»